vendredi 30 septembre 2016

La Gacilly, des poèmes et des poissons volants



Il y a eu Le Festival photo de La Gacilly, et des poissons. Il y a eu des poissons volants, des manches à air, des Koïnobori en japonais. Expo Les Volubil° sur le pont. Il y a eu mes yeux grand ouverts, dessus, le lever du jour, moi toute seule au milieu de tout. Le Japon, thème de cette 13e édition clap de fin aujourd'hui. Et les océans aussi. Galeries photographiques à ciel ouvert qui investissent tout le village le temps d'un été. C'est un événement gratuit à ne pas rater. Il faisait tôt ce jour-là et beau aussi. Il faisait que je n'avais pas eu le temps d'y aller avant. Il faisait que j'étais seule, sans les enfants, seule tout court d'ailleurs, le village n'était pas tout à fait réveillé, et l'heure des visiteurs n'avait semble-t-il pas sonnée. Le rêve. Et d'ailleurs cette guirlande de manches à air, les tissus, l'alignement coloré, c'était comme si j'étais dans un livre pour enfants avec tout un tas de poissons gentils volants dedans. 






J'ai pensé à comme c'était beau dedans. J'ai regardé les nuages aller, venir, repartir, j'ai regardé le ciel bleu débarquer. J'ai pensé à Lucie Vandevelde et à ses illustrations de Poèmes sous le vent, Hélène Suzzoni au texte. Même s'il n'y avait pas de vent. Dans ce petit album carré, libre en mots, en vent et en illustrations, douze poèmes, douze scènes, se succèdent. Le fil conducteur, le vent de liberté qui traverse chaque texte, la vie aussi. La vie faite de brises, de bises, de tempêtes et de bourrasques, le vent qui traduit les émotions, emporte un grand-père en fin de vie, ou les souvenirs d'une mamie, le vent qui transmet le son, la fête, porte les nuages, les oiseaux et même les zèbres parfois, emmène en voyage. C'est une belle aventure que celle qui se dessine là, un livre d'artiste, dans lequel l'enfant est emporté lui aussi. En effet, à la fin de l'ouvrage, l'accordéon de la création lui permet de dérouler les pages et d'illustrer tout un poème ! Je suis toujours en admiration de la grande liberté d'interprétation de Lucie Vandevelde, de son énergie, de ses couleurs, de son optimisme contagieux. C'est une nouvelle fois un très bel élan qu'elle souffle là, aux côtés de sa complice Hélène Suzzoni. *** coup de cœur ***
Il y a eu ce petit poisson là qui avait très très envie de parcourir le monde. Il y a eu ce petit poisson là, à pois, qui m'a fait pensé au hareng sans texte, rouge aussi, qui parcourt un jardin public et nous en donne de toutes autres images.
Le hareng rouge de Gonzalo Moure et Alicia Varela. Le sens du détail, le sens de l'image qui change petit à petit au file de la page. Le plan est le même, toujours le même mais dans cadre dans grande amplitude, cartonné, bellement relié, il y a des dizaines de personnages qui évoluent, qui vivent, qui sont, au fil des pages. Les personnes avancent, le match de foot des enfants, se déroule, la fontaine pleur, le chien de la femme aveugle voit un chat et s'enfuit dans le parc. Sur le banc, le goûter est terminé, loin là-bas, la fontaine pleure et les enfants rient. la dame qui s'est pris un réverbère se remet doucement. Le son de la flûte traversière traverse le parc. Le chat aussi. Le chien aussi. La dame à la poussette aussi. La dame au réverbère ne va pas s'en remettre. Sauf si quelqu'un s'arrête. Et qui va ramener le chien à la dame aveugle ? Un couple d'amoureux sur un banc, un autre plus jeune avec une fleur et un livre, un autre encore plus loin, se font, se forment. Et tout au long de l'histoire, un hareng rouge se promène dans les pages. A la fin, comme un secret, une grande enveloppe et des petites histoires pour quelques uns des personnages. C'est beau, c'est beau. *** coup de cœur *** 
Le film de présentation de l'album sur le site des la maison d'édition Les P'tits Bérets ici.


*** Les références ***
Poèmes sous le vent d'Hélène Suzzoni et Lucie Vandevelde - Editions Les P'tits Bérets -  2015 - 10 € - à partir de 5 ans 
Le hareng rouge de Gonzalo Moure et Alicia Varela - Editions Les P'tits Bérets -  2012 pour l'édition originale, 2015 pour l'édition française - 15,50€ - à partir de 3 ans 

dimanche 25 septembre 2016

Je suis cap'...

Je suis cap' de rouler et puis de sortir de la grand-route pour prendre les petites routes, et puis tout à coup de mettre les warning, et de m'arrêter net, il n'y avait pas un chat derrière, ça ne risquait rien. Cap de m'arrêter donc, d'un coup brutal parce qu'il y en avait un devant, fraîchement renversé, pas en purée en tout cas et peut-être un brin vivant. Je suis cap de constater qu'il est sans vie, mais pas trop amoché, je suis cap de prendre un tee-shirt dans le coffre, dans la réserve, le au cas-où, là il y a les tongs et les bottes de pluie. Je suis cap de condamner un tee-shirt pour en faire un linceul. Je suis cap de faire ça, sans trop réfléchir en pensant aux gens, et peut-être aux enfants à qui il appartient, ce chat. En pensant aussi que c'est mieux qu'il ne devienne pas une purée de chat. Je suis cap de ramasser un chat percuté et sans vie, sur la route, pour le poser sur le bas côté en me disant qu'ainsi si ses propriétaires le retrouvent, il serait certes sans vie mais sans bouillie aussi. Et je suis cap aussi de voir que cela n'a pas servi à grand chose, une semaine, deux semaines plus tard, le tee-shirt est toujours là avec son nouveau poids. "Tu crois que sa famille le retrouvera jamais jamais ? Tu crois qu'ils sont tristes, inquiets, qu'ils l'ont remplacé ? Tu crois qu'il aime mon tee-shirt ? Comment tu as su qu'il était mort, peut-être que non." Mon Petit Pois et ses milliards de questions, cette manière si particulière de voir le monde et de l'exprimer. Des questions qui se disent comme ça, d'autres qui ne sont qu'à lui et qu'on le garde, des questions comme celles-là et toutes celles que j'ai oubliées. 
Et pas à cause du chat écrasé mais à cause de ce regard posé sur le monde, j'ai pensé à Léo cœur d'indien d'Anne-Gaëlle Balpe. Lui aussi Léo, il a sa façon bien à lui de regarder le monde, il s'accroche à tous les détails qui sont posés autour de lui pour ne pas vaciller dans le fourmillement des grands. Des adultes, dans la foule, du métro. Il s'accroche aux mots parce qu'il est poète. Et les mots le font voyager, l'emmènent, du coq à l'âne, du rire aux rimes, d'images en imaginaire. Il aime le mot strapontin par exemple, celui sur lequel il est assis, il aime faire des listes de mots - "mousqueton, hanneton, chaton, marathon" et des mots qui commencent par fri- aussi-. Il n'aime pas trop par contre qu'on utilise des expressions un peu bizarres parce qu'il les met tout de suite en images dans sa tête et ça peut faire tout drôle. C'est comme ça que ça commence, Léo cœur d'indien.Léo il parle pour lui, de lui, des autres aussi, de son environnement proche, de la voisine de transport, une fille avec une moustache, de son frère Vincent, de Watson son beau-père, et de sa maman qui est là, dans la rame, pas trop loin mais suffisamment en tout cas pour faire mine de jouer à ne pas se connaître. Il adore ça. ça fait un peu la trouille mais ça fait vraiment être grand. Mais dans les longs couloirs du métro, entre la foule, les odeurs qui l'insupportent, le pipi de souris, les papillons, le nez dans le foulard de sa maman, il la perd. Il se perd tout court, rendez-vous raté avec le Dr Vanhassen, il se retrouve en face d'une "vieille dame assise sur un tabouret, un chapeau posé par terre et un harmonica sur les genoux". Voilà. Un coup de "t'es tout seul gamin" qu'il attrape pour échapper au tapis de poissons panés et c'est parti. Léo est dans les pattes de Calamiti-Djène qui a pour voiture un tas de ferrailles, pour maison une cabane et pour chien, un chien. Mais pas avec n'importe quel nom, par contre : Dos-to-ïev-ski. ça peut en dire long sur ce drôle de personnage et ça lance le premier quiproquo entre eux. Pourquoi faudrait-il aller chercher un écrivain mort quelque part avant de rentrer à la maison ? Et de fil en aiguille, on est emporté, par les images, par cette interprétation du réel, par les jeux de mots, les facéties, la drôle d'aventure. L'écriture d'Anne-Gaëlle est fluide, rythmée, imagée, elle n'a pas besoin de nous prendre par la main, elle nous tient, nous guide, par un tout petit fil doux et fragile, le fil rouge, celui du manteau de la maman que Léo va forcément retrouver, mais quand même parfois on se demande si ça va vraiment être le cas, et on a hâte.  *** coup de cœur ***

*** Les références ***

* Léo cœur d'indien d'Anne-Gaëlle Balpe Edition L'Ecole de Loisirs - avril 2016 - 9,95 € à partir de 9 ans.

jeudi 22 septembre 2016

Des histoires de cochons...

Trois petits livres aux couvertures roses cochon imprégnées du conte des Trois petits cochons. 
Purée de cochons de Stéphane Servant et Laëtitia Le Saux. Un loup attrape trois petits porcelets. Il n'a qu’une hâte, les déguster en purée avec une carotte et deux navets. Halte là, pas si vite ! A-t-il lu la recette ? Demande l'un des petit cochon. Non, il ne sait pas lire. Ça tombe plutôt bien pour les trois porcelets qui lui font croire que la recette qu'il compte réaliser n'est pas la bonne, pour la purée. Ils profitent de sa méconnaissance des lettres et des mots pour l’envoyer par monts et par vaux chercher des ingrédients. Il faut penser à tout pour repousser l'instant du trépas. En chemin, le loup rencontre des personnages de contes qui l'aident dans sa quête tout en lui indiquant que franchement, il devrait apprendre à lire. il croise des panneaux aussi dans lesquels il tombe. Les petits cochons le font tourner chèvre jusqu'à ce qu'il rencontre une grand-mère qui ne le lâchera pas tant qu'il ne maîtrisera pas la lecture. Et lira bien qui lira le dernier... * Coup de cœur *


Il était 3 fois de Davide Cali et Roland Guarrigue. Dans ce grand album aux trois histoires tirées par la peau du porcelet dodu, et un bien sûr des trois petits cochons, il y a du cochon, du cochon, du cochon, c'est vrai. Mais il y a surtout du loup. Du loup qui pourrait bien faire un burn-loup tellement il n'a pas de bol dans la première histoire. Il souffle, il souffle, il souffle sur toutes les maisons, pas un cochon à l'horizon. Ah ! Si à l'horizon, là, loin là-bas, ils vivent tous dans une tour, des apparts et des apparts de cochons entassés... Impossibles à déloger. A bout de souffle, il reprend le chemin de son réfrigérateur, le loup, et s'avale une boîte d'haricots rouges. A défaut de pilules... Et peu importe que la boîte de conserve soit au frais, la mine déconfite du loup remporte la palme : c'est clairement la fin de haricots. Burn-loup aussi quand il se fait malmener par son environnement de cochonsEn bon voisin, alors qu'il apprend qu'un ouragan arrive, Jean-Loup le gentil loup souhaite aider son prochain. Mais le prochain c'est un cochon pas sympa. Pour le prévenir, alors qu'il ne répond pas, il passe par la cheminée, reste coincé, et bim se retrouve en prison. C'est vrai que son voisin était à croquer, mais quiproquo avec les policiers, s'il s'est envolé ce n'était pas sa faute à lui. Et bien tant pis, on sait où il croupit.Et ce n'est pas fini, dans la troisième histoire, la rencontre avec les cochons vire au cauchemar. Est-ce qu'il y a pire que finir en prison ? On dirait bien oui. Burn-loup, on vous dit. Et * Coup de cœur * aussi parce qu'on a bien ri. (a-t-on déjà vue une telle trombine de loup ? Je ne crois pas, non...).
Les trois petits cochons moustachus d'Aimée de la Salle et Vanessa Hié. Remuants, bruyants, gourmands, les trois petits cochons de cette histoire là ne tiennent pas en place. On dirait bien qu'il est temps pour eux de quitter leur soue natale pour barbouiller de leurs propres ailes. C'est en tout cas ce que leur indique leur maman en les mettant gentiment à la porte, non sans recommandation. "Les gros mangent les petits". Compris, Mux, Max et Mix ? On dirait bien que pour deux d'entre eux, cette phrase est passée à travers leurs oreilles sans s'arrêter, alors que Mux, lui, marqué par l'histoire du grand méchant loup dans le Petit Chaperon Rouge, retrousse ses manches pour construire une belle maison, bien solide. Les deux autres moins courageux se contentent de paille et de bois, rien de bien sûr devant les pets du loup. Et oui, parce que le loup arrive, forcément et qu'il ne souffle pas par la bouche. C'est à coup de pets - rires garantis - qu'il veut se payer du jambon... Y parviendra-t-il vraiment ? Mux va lui mener la vie dure ! Une histoire joyeuse à lire et à écouter, des illustrations pétillantes, heu... pétantes! 
Ecouter des extraits sur le site de l'éditeur ici
*** Les références ***

 Purée de cochons de Stéphane Servant et Laëtitia Le Saux Editions Didier Jeunesse-  avril 2016 - 12,50 € - à partir de 4 ans 
* Il était 3 fois * Les trois petits cochons de Davide Cali  illustré par Roland Garrigue - Editions Nathan - octobre 2015 - 14,90 € - à partir de 4 ans
 Les trois petits cochons moustachus Aimé de la Salle, illustré par Vanessa Hié Editions Didier Jeunesse, un livre, un CD -  septembre 2015- 17,70 € - à partir de 3 ans 

dimanche 11 septembre 2016

Rêve général !


Dans le désordre de Marion Brunet, le roman uppercut de mon printemps très occupé. Un coup de poing gauche levé et final, du genre de ceux qui  se hissent droits et forts comme un souffle de vie, des souffles de vie, la jeunesse rebelle, croquée au présent. Comme à l'ancienne, elle trace son début de vie d'adulte dans cette histoire singulière dans sa construction et collective, solidaire, rebelle et fraternelle dans ce qu'elle livre. La jeunesse, brossée en portraits croisés, celle par laquelle on est à peu près passé, sans trépasser, nous. Sans oublier non plus. Les sensations des manifs, les lacrymos qui piquent et qui font pleurer, la fac bloquée, inaccessible, occupée. Le rectorat, la fameuse Présidence, ou bien encore les parvis de Bastille à Répu, de Répu à un café, à une nouvelle AG, à un appart squatté, à un lieu occupé, à un préfabriqué de la Fac encore, ça tourne pas en rond, le F le préfa si possible, si Rennes 2. Les collages de nuit, les réunions sans chef (mais avec leader, ben si), les chansons, les actions, les diff du petit matin, les slogans peints sur des cartons de récup, des draps maintenus par des manches à balai. N'oublions pas les trous pour laisser passer l'air et éviter la prise au vent, le café noir, le croissant parfois en début de mois au petit matin de ces nuits de collage ou d'occupation. J'écris ça dans le désordre, comme ça vient, comme je m'en souviens, moi des miennes, de ces années qui ont pris quelques rides et quelques ampoules aussi, sous les pieds. Nous étions plein. Ils sont plein aussi, des camarades. On dit aussi des copains dans le milieu et puis un jour il arrive qu'on devienne ami, et puis un jour aussi qu'on se dise oui, pas pour la vie, on n'est pas comme ça, non, pour un bout de chemin, et deux trois autres trucs aussi. Ils sont sept en particulier. Ils se rencontrent en pleine manif, au moment où ça dérape, où ça castagne, où  ça lacrymo,  où ça tabasse où ça panier à salade où ça garde à vue. Ils ne viennent pas des mêmes horizons, prolo,bourg', bobos, 3e génération aussi ou 2e peut-être, enfant d'immigrés. Pour certains l'avenir aurait été tout tracé, en droit, filles et fils à papa. Pour d'autres dès le départ c'était plus compliqué, alors ils se sont tirés et se sont retrouvés presque par hasard dans un vent libertaire aux empreintes de chat noir hérissé, dans un squat à occuper. ça discute, ça fomente, ça picole, ça fume, ça lit, ça refait le monde; ça s'aime aussi, ça découvre, ça joue, ça s'aime encore Jeanne et Basile. ça saigne, ça pleure, ça se vide, ça lutte, ça revient, ça hargne. Colère. Marion, on s'y croit. On y est. L'écriture de l'auteure équilibrée, rythmée et très construite, brosse de l'anar comme si on y était. Révolte, squat, descente de bière, de flics, fougue, hargne. T'y étais, hein ? Et puis il y a eu Rémi Fraysse et t'y es retournée parce qu'on peut pas laisser comme ça un môme le crâne brisé sur le bitume parce qu'il dit non, parce qu'il crie non, parce qu'il rêve comme nous, d'une autre société. Parce qu'il rêvait, plutôt. Stop. Clap de fin. Amis, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines. Le môme c'était notre pote, c'était le copain avec qui tu diffes le jeudi matin à 5h00 en entrée de boîte, c'était peut-être notre neveu ou notre fils aussi. Parce que les chats électrisés ne font pas des chienchiens à leur mémère. J'ai mis du temps à me remettre de ce bouquin qui m'a clairement retourné la tête, bouleversée et fait émerger des tas d'images d'avant. On n'a pas les mêmes on ne vient pas des mêmes mouvements, mais on a forcément fait des vagues ensemble. Et ça continue, la vie. Pour Jeanne aussi.

On n'est pas des moutons ! de Claire Cantais et Yann Fastier, Parce qu'il n'y pas d'âge pour regarder la société comme elle est, pour s'étonner de ce qui est étonnant, pour ne pas faire pousser d’œillère ou d'idées guerrières, parce qu'il n'y pas d'âge pour questionner, demander des réponses, s'intéresser à la politique, philosopher, dire et grandir égalité, il y a La Ville Brûle, une maison d'édition qui ne fait pas mine de mettre les pieds dans le plat et proposant aux jeunes lecteurs, de quoi nourrir ses idées et ne pas gober les préconçues, les prés carrés ni accepter la précarité.  On n'est pas des moutons, non, "pas un mouton derrière un autre mouton et trois et quatre et mille moutons, bêlant, broutant, crottant en chœur", on n'est  pas des petits singes savants, ni une autruche la tête dans le sable, ni une fourmi ultra travailleuse pour la reine et rien pour sa pomme. On n'est pas des cochons engraissés au burger et à la boisson à bulles sucrée et marron. On n'est pas des carpes muettes, des gentils toutous... dans cet album la société se fait mettre en boîte par des portraits d'animaux grinçants, une version pop et efficace de l'Animal farm.
*** Les références ***
Dans le désordre de Marion Brunet - Editions Sarbacane - janvier 2016 - 15,50 € - Dés 13 ans
On n'est pas des moutons ! de Claire Cantais et Yann Fastier - Editions La ville Brûle - mars 2016 - 13 € - Dés 4 ans

mercredi 7 septembre 2016

Mais alors vraiment pas envie !


Non. Non, non. J'ai pas envie. De un, je n'irai pas, de deux vraiment j'veux pas. Et c'est pas que je ne connaisse pas moi. C'est pas la peur de l'inconnu, de la nouveauté. Non non. C'est la rentrée, je reprends le chemin et vraiment là où je vais, je ne veux pas. Parce qu'à la question qu'est-ce que je fais là, je réponds que je sais, certes, mais que vraiment c'est pas juste. Alors j'agis au lieu de devenir toute rabougrie, je tisse, je toile, je dessine doucement de nouveaux horizons dont je pourrai parler bientôt. Parce que c'est important, l'horizon. C'est vrai ça, sinon ça me tout embrouille dans ma tête et dans mon cœur et ça me tout bougon dans mon ventre, je deviens grognon et ça je ne veux pas, c'est pas moi. Il y a ces petites fleurs de bonne humeur à faire pousser, il y a ces petites graines qui sont plantées et qui sont prêtes à évoluer. Il faut bien l'accompagner cette bonne humeur chez nos mouflets d'ailleurs, planter, installer, bien arroser et regarder comme ça grandit. Et l'inquiétude, et le stress, et l'angoisse, on accueille, on polit, on lisse... Mais au fait lui là, pourquoi il veut pas ? Où n'ira-t'il pas ? 

C'est à ces questions que se sont amusées à répondre Ghislaine Roman et Csil dans ces deux petites merveilles. J'veux pas y aller ! Où ça ? A la piscine forcément, les indices se bousculent sur la couverture : bonnets, tuba, canard, lunettes mais ont su malicieusement se coincer en bas de page pour se faire discrets et un brin mystérieux. Alors pourquoi ne veut-il pas y aller, lui ? Parce que ça va lui piquer les yeux. Et lui ? Parce que son maillot est trop petit. Et elle ? Parce que le bonnet va la décoiffer... Une collection de petits mômes se passe le relais, page après page, pour décliner non pas leur identité - bien que leur bouille en dise beaucoup - mais leur excuse. Et au final, tous dans le bain, peut-être avec le dit souci, mais avec le sourire aussi. 
Clac quand il a été annoncé, je me suis dit bien joué ! Et il est arrivé, au même format, avec le même univers et une couverture à l'illustration mystère que l'on comprend par la suite après avoir découvert le livre. Non, j'irai pas ! Tout frais pour la rentrée car où l'enfant ne veut-il pas aller ? A l'école cette fois. Et les très bonnes raisons s'enchaînent, et les mines déconfites aussi qui accompagnent petits dégoûts, peurs et manque de confiance en soi. De la peinture qui salit, la lecture oui mais plutôt pour les autres, à l'école aussi on y mangerait des vers de terre, on apprendrait à compter - truc dingue - encore plus que ce qu'on a de doigts et surtout surtout, tu ne trouves pas que là, je suis trop petit ?  Doux, drôles, tendres, et tout plein de fraîcheur ces albums donnent de la candeur à la rentrée ! ! *** coup de cœur ***.
     


Et moi dans tout ça, oh ben j'y suis allée finalement. Et puis même si c'est pas mon travail rêvé et que certainement il ne durera qu'un temps, qu'est-ce que je les aime bien mes collègues. Parce que ce que je ne vous ai pas dit, c'est que parmi elles, il y a ... des copines et j'en souris aussi.


*** Les références ***
J'veux pas y aller ! de Ghsilaine Riman et Csil - Editions Frimousse - 2016 - 13€ - à partir de 3 ans
Non, j'irai pas ! de Ghsilaine Riman et Csil - Editions Frimousse - 2016 - 13€ - à partir de 3 ans

dimanche 4 septembre 2016

[Un jour, un album] Un enfant parfait

C'est vrai qu'après deux mois de vacances, on accueille avec le sourire la rentrée, le retour de l'enfant (roi) à l'école, n'est-ce pas une sacrée libération pour nous, parents parfaits qui nous donnons cors et ongles (1) pour ces affreux, heu tendres et charmants petits ? Qui n'a jamais rêvé d'avoir l'enfant parfait, celui qui ne fait pas de colère dans les magasins, qui mange 5 fruits et légumes par jour avec du beurre et du plaisir, qui ne tape pas sa petite sœur, ne mord pas son grand frère ? Qui n'a jamais rêvé de dormir le dimanche matin, et puis la nuit aussi, oh et puis de ne pas faire le coucher 57 fois la même soirée, ah et puis de faire les devoirs dans le calme, heu, et de ne pas devoir crier, ah et aussi de dire une fois un truc et hop c'est la bonne fois. Oh et puis les dents, le couvert, le cartable dans l'entrée, les chaussures pas en haut, dis bonjour à monsieur le voisin, nan pas la tâche sur le pull tout neuf ou le trou, oh non le trou. Et mouche toi, et pas les doigts dans ton nez et mange avec des couverts (mais pas ce qu'il y a dans ton nez, enfin, ce qu'il y a dans ton assiette...). Enfin en gros toute la ribambelle de trucs qui fait qu'ils sont tellement charmants, nos enfants. Dénoncez-vous, levez le doigt si ça ne vous est jamais arrivé de vous demander pourquoi, mais pourquoi, pourquoi ça, ça tombe sur moi ? Michaël Escoffier et Matthieu Maudet ont glissé dans cette marmite là  et ils en ont sorti de leur chapeau ou de leurs expériences (hé hé, on ne sait pas !) : Un enfant parfait et s'en patiner, ça va sans dire ! Il est parfait l'enfant, blond, lisse, souriant, avec un nez qui n'a même pas de narine tellement il est propre, parfait, parfait, parfait pour entrer dans la famille Dupré. Deux parents souriants qui le choisissent sans hésiter une seconde dans un magasin d'enfants tout simplement. Et ils ont raison, parce qu'il fait tout bien ce gamin. Et cela ne les lasse même pas, non non, les bougres, ils ça. Mais un jour l'enfant parfait bugue. C'est incompréhensible, inadmissible... Retour à l'envoyeur alors ? Quel plaisir de retrouver l'inénarrable duo dans cet album au héro souriant qui n'est peut-être pas si lisse qu'il n'y paraît !
*** Les références ***

* Un enfant parfait de Michaël Escoffier et Matthieu Maudet Edition L'Ecole de Loisirs - mai 2016 - 12, 20 € à partir de 5 ans.

(1) oui j'ai changé l'expression. On a le droit de changer les expressions et particulièrement celle-ci quand 1/ on a fait du foot en tong tout l'été - 2/ on n'a pas pu se manucurer les ongles parce qu'on a aussi fait du basket tout l'été). Ce que j'ai fait, en maman parfaite(gnarf, gnarf) d'un petit garçon de 8 ans qui court tout le temps....

jeudi 1 septembre 2016

Marrade de rentrée !

Un bouquet de stress et une patelle accrochée à mon pantalon d'un côté, de l'autre un enfant qui s'était déjà envolé dans la cours de récré, le cartable en vrac et les cheveux en buissonnière. Mes enfants sont aussi différents que le soleil et la lune, que l'un a les cheveux blonds frisés et l'autre lisses et bruns. Le temps d'une nouvelle rentrée est arrivé, le temps d'un petit pas de plus qui fait que l'on devient grand, le temps de continuer à se nourrir et de butiner, peu importe si c'est différemment. 

La patelle justement, enfin la moule pour être juste,c'est un peu la position adoptée par la petite héroïne de Maman à l'école d'Eric Veillé et Pauline Martin qui fait sa toute première rentrée. Elle découvre derrière une porte "quelque chose d'affreux ! Une dame qui souriait, à côté d'elle une autre dame qui disait qu'elle s'appelait Chantal, et autour d'elles, des gars et des filles de mon âge qui pleuraient". Ils avaient une sacrée bonne raison : leurs parents avaient disparu. Hors de question que notre petite héroïne se fasse avoir, elle parvient à convaincre sa mère de rester à l'école (avec des techniques et une mise en scène jubilatoires), et la maman se laisse avoir : elle reste à l'école et vit une vraie journée de maternelle, découpage, chant, motricité, cantine, sieste, récré... Mais est-ce que la maternelle est bien adaptée aux parents ? Pas vraiment, hein. C'est la conclusion à laquelle va aboutir l'enfant qui a finalement besoin d'un peu d'air. Mais pour en arriver là, c'est poilade assurée tout au long de l'histoire ! Un album génial pour parler de l'entrée en maternelle, qui fait rire les plus jeunes, et je vous assure, les plus grands aussi ! *** coup de cœur ***
Voir la présentation de l'album par Actes Sud ici.

Et bonne nouvelle, cet album entre dans la sélection du Prix des Incorruptibles en maternelle pour 2016-3017. En classe, en bibliothèque et en famille, pour participer, c'est iciRetrouvez toutes les sélections ici  !

Valentine et Gros-Pépère à l'école d'Orianne Lallemand et Eléonore Thuillier. L'ours Gros-Pépère meurt d'envie d'aller à l'école avec sa copine Valentine, mais celui lui est interdit. Tant pis, il s'y invite. Comme il est magique, ce n'est pas très difficile pour lui. Il se transforme en crayon et se cache dans la trousse de la petite fille. Quand celle-ci s'en rend compte, il est déjà trop tard, elle est à l'école. Et ce jour-là, pas de chance, c'est Madame Gronchon "la remplaçante pas amusante" qui fait classe. Elle l'autorise tout de même à se rendre aux toilettes ce qui arrange bien Valentine qui n'a qu'une envie, pas celle de faire pipi, non, mais plutôt de passer un savon à son imposant compagnon ! A coup de "POPS", lui il s'amuse, fait le clown et même le cirque, sans rire, c'est le bazar complet à l'école et Valentine et sa copine, risquent vraiment de se faire épingler. A moins qu'un coup de POPS de dernière minute floue tout le monde ? Bien possible... 
Et pour les plus petits encore, ceux qui retrouvent la crèche, leur assistant(e) maternel(le) ou font leurs premiers pas à l'école maternelle, la série Mon petit cherche et trouve de Sandrine Beau et Céline Decorte chez Glénat s'agrandit avec deux nouveaux titres A la crèche et A la maternelle. Le principe est simple et amuse d'autant plus la galerie que les images, toujours expressives même quand il s'agit d'objets, sont drôles. L'enfant retrouve un univers qu'il connaît bien puisqu'il s'agit du sien. Il va être amené à apprendre à observer, à décortiquer, à déduire aussi parfois et surtout à trouver ! Quel cartable louche ? Quel animal n'a pas repris sa place dans le puzzle ? Quel doudou tire la langue ? Quel hochet fait miaou ? Ludique et joyeux pour une rentrée douce poilade qui lui permettra de se projeter encore plus en dernière page où il pourra coller une photo de sa trombine dans la dernière scène !

*** Les références ***

Maman à l'école d'Eric Veillé et Pauline Martin - Editions Actes Sud Junior - septembre 2015- 13 € - à partir de 3 ans *** coup de cœur ***
Valentine et Gros-pépère à l'école d'Orianne Lallemand et Eléonore Thuillier - Editions Gautier-Languereau -  août 2016 - 10,90 € - à partir de 4 ans
Mon petit cherche et trouve à la crèche et Mon petit cherche et trouve à la maternelle de Sandrine Beau et Céline Decorte - Editions P'tit Glénat * collection Vitamine- août 2016 - 6,99 € - dès 2 ans