jeudi 10 mars 2016

Disparition de Claire Franek

Dans un communiqué, il y a quelques heures, les éditions Thierry Magnier et le Rouergue nous apprenaient la disparition de Claire Franek. Les larmes sont montées. Je l'avais rencontrée au Salon du Livre de Paris en 2014 alors que Tous à poil ! qu'elle cosignait avec Marc Daniau son compagnon défrayait les chroniques. J'en avais échangé avec elle lors de sa séance de dédicace. Et je me souviens de son sourire, de ses yeux pétillants, de son rire, et de la force qu'elle dégageait. Dans des extraits de carnets plus tardifs - ou que j'ai découverts plus tardivement - Marc Daniau dévoilait des bribes de vie comme des pages déchirées, avec pudeur il crayonnait la résistance, les traitements, la maladie, le combat, le courage. L'amour aussi. J'avais été très émue à la réception de ces messages  en filigrane qui ne m'étaient pas destinés et que l'artiste livrait de lui en touchant à l'universel. 
Dans la dédicace qu'elle m'avait offerte, comme un morceau de soleil et d'optimisme, à préserver et à transmettre, Claire Franek écrivait : "Pour continuer à cultiver la liberté et l'humour". Pour continuer à recevoir ses mots, ses couleurs, son énergie, son humanisme, son humour, ses livres, une quarantaine de titres.

Toutes mes condoléances à ses proches, aux éditions Magnier et Rouergue.

Reprise d'une partie de la chronique publiée suite au Salon du livre de Paris en mars 2014.
Tous à poil ! de Claire Franek et Marc Daniau. A poil ! Une expression populaire utilisée dans cet album pour parler de nudité, la représenter avec une once de naturel, une ondulation de poésie, de l'humour et pas un milligramme de vulgarité. A poil le bébé, la baby-sitter, les voisins, la maîtresse, la mamie, le chien... Ah, non, pas le chien ! Mais bien tous à poil, dans l'expression du corps imparfait, du corps jeune, vieux, quelques vêtements, en mouvement, des mouvements, justement, saisis comme des instantanés, des dessous qui volent, des par-dessus qui gisent à même le sol, des couleurs vives, et celle de la peau, des  expressions peintes sur des visage sereins, amusés, amusants, joyeux, comme une immense blague, un pied de nez, juste pour se dérider et pour parler de nus, de nous. "Un pied de nez, une blague universelle, je ne peux pas m'empêcher de penser au plaisir avec lequel les journalistes ont repris l'expression" quand ils ont fait vent d'une affaire déjà quasi close lorsque j'en échangeais avec Claire Fanek. Un projet, m'a-t-elle expliqué,  né de discussions avec Marc Daniau et pour lequel elle souhaitait vivement que les illustrations représentent de vrais corps. Des corps dans tout ce qu'il y a de beau, de naturel, comme une promenade dans un musée des beaux arts, quand dans les galeries, nous croisons les nus de Renoir, de Degas, d'Henri Edmond Cross, avec des baigneurs dans la double page finale qui ne sont pas sans rappeler baigneurs et baigneuses des plus grandes toiles classiques. Tous à poil, une galerie d'art donc, dans laquelle vulgarité et exhibitionnisme ne sont pas du tout du tout au rendez-vous. 

Porte-folio de Claire Franek Ici
Grand spectacle paraîtra à titre posthume en septembre prochain aux éditions du Rouergue.
Le jeu de cette famille d'Annie Agopian et de Claire Franek ici

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