mardi 18 novembre 2014

Au revoir


Elle était, malgré un gabarit imposant, une chienne très douce avec les enfants. Avec les miens, j'entends. Enfin les siens. Il n'aurait pas fallu s'en approcher. Et d'ailleurs je ne laissais pas grand monde en approcher. Un cercle restreint dans lequel il n'était pas facile d'entrer. C'était elle qui décidait. Mais quand on y était, on y était. Parmi ses dog-sitters préférés Papi Alain, et Mamie ma grand-mère qui lui chantait "L'amour est un bouquet de violettes". Elle adorait. C'était drôle de les voir ensemble. Et ces séances de câlins au soleil sont parfois immortalisées, comme cette photo d'automne. Cassia. Quelle chienne, quelle présence. Il va falloir que je pense à fermer mes portes à clé maintenant. Je n'aurai plus à oublier les croquettes. A prendre une baguette supplémentaire, d'hier ou d'avant hier à la boulangerie, sa petite gourmandise. La tartine du samedi et du dimanche matin aussi. Plus la peine d'y penser. Il y avait les poils, la bave, le balai à passer dans le garage, les vélos à couvrir d'un drap, les casques à protéger sous peine de destruction massive. Et en rentrant du boulot, c'est sûr que tout contact avec les tenues tendance bien sapées nécessitait un passage à la machine à laver. C'est sûr. Et les mains aussi. C'est sur qu'il n'y aura plus de solution de garde à trouver pour les week-ends à la mer, les vacances. C'est sûr que la maison choisie aussi pour elle est devenue trop grande, d'un coup. Trop chère, elle l'était déjà.
En passant ici, par mon mail ou par la page Facebook du blog, vous m'avez envoyé des messages d'affection, de compassion et de soutien... C'est super gentil, merci. Il y a quelques semaines, drôle de coïncidence, j'ai bouclé un texte qui parle d'elle, pas seulement d'elle, mais aussi d'elle. C'est étrange, le cours de choses, projet d'album pour enfant. Aujourd'hui, ma sélection du jour tourne autour de la disparition et de la mort. Comme le besoin de raconter le premier aux enfants, chose que je n'ai pas encore faite, parce qu'eux ne pleurent pas vraiment, à part un bon coup, au tout début, mais alors moi... Mais moi ! "Et là maman tu es encore triste ? Tu penses à Cassia. T'inquiète pas, tu devrais te réconcilier avec toi-même".


Mon chien Gruyère d'Yves Nadon et Céline Malépart. "Hier, mon chien Gruyère est mort". Mort on ne sait pas trop ce que ça veut dire alors on voit le petite chien gravir l'escalier direction ciel avec des petites ailes. Une mort toute douce pour Gruyère qui a quitté les siens de "vieillesse" comme on dit. C'était le premier chien de notre jeune narrateur qui a grandi avec lui. Jeux, échanges, bons moment. Enterrement, absence et manque sont évoqués avec simplicité. Entre les souvenirs des moments partagés avec le chien et le projet d'acquérir un autre animal sans jamais oublier le premier, l'album aborde avec simplicité et douceur la perte d'un animal, une atmosphère posée par des illustrations aux couleurs pastel à tendance naïve qui sied bien au sujet. 

Gustave de Rémy Simard et Pierre Pratt. C'est arrivé soudainement. Le chat. Et clac. "Gustave ne jouera plus. Il ne me dira plus bonne nuit. Il ne me regardera plus. Le chat l'a mangé". Gustave est une souris et c'est à ce qu'on en croit, son frère qui a la parole dans cet album à l'univers graphique très sombre, étouffant, fait de grands coups de pinceaux noirs, de fusain, de contours noirs toujours, très épais, d'ombres à n'en plus finir. Le sujet n'est pas léger. le souriceau a perdu Gustave. Ce dernier s'est sacrifié pour lui sauver la vie. Solitude, tristesse, douleur, abattement sont soulignés par le visuel. La petite souris devra rentrer seule au nid et annoncer à sa mère la disparition de Gustave. Une mère résignée sur le sort des souris et de leur rapport avec les chats, semble-t-il. Elle accueille les paroles et la tristesse du petit sans un mot, juste en le câlinant. Et la luminosité revient petit à petite dans les pages qui nous font respirer après une longue apnée. Bulles d'air, lumières. Quand la maman offre un présent pour alléger la douleur du souriceau, elle donne une toute autre couleur à l'histoire, un tout autre sens. Une fin surprenante qui adoucit un album presque terrifiant dans lequel la complémentarité auteur / illustrateur est rudement bien jouée !


*** Les références ***
Mon chien Gruyère d'Yves Nadon et Céline Malépart - Editions Les 400 coups - 4e trimestre 2013 - 9 € - à partir de 3 ans
Gustave de Rémi Simard et Pierre Pratt - Editions La Pastèque - collection Pamplemousse - 2e trimestre 2013 - 15,60 € - à partir de 5 ans

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