lundi 19 mai 2014

Histoires du dimanche

C'est pas drôle de voir que c'est dimanche soir et que c'est fini, le week-end. Qu'il va falloir reprendre la route dans l'autre sens, refaire les sacs. Que c'était bien de voir le soleil briller au-dessus de nous, éclairer nos lanternes, commencer à nous colorer, de sentir le vent de la mer saler nos joues, faire voler cheveux et grains de sable. Ça me pique les yeux, maman. De voir nos idées aussi prendre le vent, le large, l'horizon, composer, recomposer. Pour écrire, réécrire, pour disposer du mieux possible toutes les notes voulues, des graves et des aiguës, celles qui arrivent, arriveront, pourraient arriver, celles auxquelles on n'avait pas pensées aussi. Elles s'inscriraient comme ça, sur une partition, emportées, elles ne s'écriraient pas toute seule, je ne les écrirai pas moi, pas moi toute seule, il faudrait quatre mains. Pour en considérer une dizaine, de mains, et tout à coup ce n'est pas rien. 

Quand la route défile comme ça, des heures durant, elle permet de laisser la place à ces idées qui se promènent entre le bitume qui défile, les bandes blanches, la lumière qui baisse et les lupins qui naissent. En camaïeu qui ne tiennent pas deux jours dans un vase, et dont les clochettes se sèment en petits cailloux sur le carrelage. S’égrainent, sans rime, sans poche, ou alors des poches trouées. C'est aussi un moment privilégié pour écouter musique et histoires, avec deux paires de petites oreilles en sièges-autos derrière, l'univers sonore leur est adapté, forcément. Et ce dimanche soir là, ça aurait pu en être un autre, un autre dimanche soir, ou le prochain aussi, mais celui-là, précisément, sur la route du retour, nous avons terminé d'écouter James et la grosse pêche de Roald Dahl, ("mais qu'est-ce qu'ils font sur une grosse pomme ?" "Non, ils sont sur une grosse pêche, chéri") puis une fois à l'aller, une fois au retour, nous avons écouté Le monstre poilu et 3 autres histoires d'Henriette Bichonnier. Un régal, pour les deux. Et ce n'est pas qu'une histoire de contexte.

James et la grosse pêche de Roald Dahl - histoire lue par Claude VillersOrphelin,  James vit chez ses affreuses vieilles tantes, tante Eponge et tante Piquette qui n'ont pas grand chose à faire d'autre que le faire souffrir, le battre, le priver d'à peu près tout ce qui peut faire plaisir à un enfant. Rien de surprenant si je vous dis que James est très malheureux. C'est ce que sait un vieil homme qu'il rencontre et qui lui offre des petits bouts de bonheur qui n'ont pas vraiment de forme, sont tout verts et qu'il devra ingurgiter en potion mais pas sans avoir fait bien attention à ce qu'ils ne s'échappent pas, ces trucs là bougent. Mais bien entendu, patatras, voilà les petits machins par terre et James n'a pas le temps de les rattraper qu'ils se sont déjà enfoncés dans la terre. Au revoir le bonheur. Faites le lien ou ne le faites pas, peu de temps après, une pêche géante se met à pousser dans l'arbre qui ne donnait plus depuis longtemps le fruit attendu. Alors que tante Piquette et tante Eponge veulent en tirer le meilleur parti, car en plus d'être infectes elles sont aussi viles et cupides, James est attiré par le cœur de la pêche, y entre et y trouve une pièce remplie d'insectes et des bestioles au format géant qui parlent. Ver luisant, mille pattes, araignée, ver de terre, coccinelle... C'est avec ces protagonistes-là qu'une aventure fantastique va s'initier, enfin, une fois que la tige de la pêche sera cassée, et que cette dernière roulera roulera roulera, jusqu'à la mer. Probablement rien ne vaut le roman, et pourtant entre des réminiscences de lectures d'enfant et une aventure dans laquelle on se laisse cueillir et emmener avec délectation, dans cette histoire dont on entendrait presque les craquements que font les vinyles quand on les glisse dans un mange-disque. J'ai adoré retrouver cet univers, et je vous conseille l'écoute de cette lecture, un poil rétro (1987), juste comme il faut pour que cela n'empêche les enfants de plonger la tête la première et les oreilles grandes ouvertes dans l'histoire. J'avais beaucoup aimé Le Bon Gros Géant lu par Christine Delaroche et Daniel Prévost dont vous pouvez retrouver la chronique Ici. Et cette lecture me donne envie d'avaler tous les Roald Dahl à nouveau, et de goûter à cette "fantastique compensation" qu'est celle d'écraser des tantes odieuses, non sans un bon tonnage d'imagination. Allez-y, testez sur le site de Gallimard Jeunesse, c'est Ici. *** Coup de cœur ***
James vu par La Mare aux Mots Ici

Le monstre poilu d'Henriette Bichonnier et trois autres histoires - histoires lues par Francis Perrin et PefUne princesse qui n'a pas froid aux yeux, affronte un monstre poilu pour le remettre dans le droit chemin, poil aux mains, il se transforme en prince et décide de l'épouser, poil au nez. Vous connaissez ? Une princesse qui a épousé le prince qui, énervé, se transforme à nouveau en monstre poilu... mais que va faire Lucile, poil au cil ? Inviter quand même toute sa famille et déguster leurs bons petits plats, poil au doigt ? Vous connaissez aussi ? Fort probable, c'est Le monstre poilu et Le retour du monstre poilu. Drôles et indémodables, ils sont lus avec talent sur ce CD à destination des plus jeunes ( à partir de 4 ans) et suivis de deux autres histoires qui ont autant de saveur. Le roi des bons, dans laquelle un roi veut être le plus beau de tout son royaume. Le peuple s'enlaidit, les gens ne se marient plus, n'ont plus d'enfants, jusqu'à ce qu'un bébé voie le jour finalement, et gouzi gouzi gouzi gouza, le roi, le terrible roi, lui laissera-t-il la vie sauve voyant comme la petite fille est belle à croquer ? Et c'est encore, toujours sur le même CD, toujours de la même drôle et fantaisiste auteure, Henriette Bichonnier, que l'on entend l'histoire de Pincemi, Pincemoi et la sorcière, celle qui mangeait tous les enfants de l'école (excepté s'ils étaient atteints de rougeole, de scarlatine ou autre rubéole) et qui se fit moucher, si l'on peut dire, par Pincemi et Pincemoi, qui la poussèrent dans un ravin en jouant, comme si de rien n'était à poussemi et poussemoi et puis voilà ! Adapté aux petites oreilles, notamment pour son temps d'écoute peu long, mais aussi pour ses facéties narratives, le CD est un vrai plaisir d'écoute à découvrir dès 4 ans. *** Coup de cœur ***
Des extraits sur le site de Gallimard Jeunesse iCi

Le monstre poilu vu par La Mare aux Mots Ici

*** Les références ***
* James et la grosse pêche de Roald Dhal lu par Claude Villers Edition Gallimard Jeunesse Musique février 2014 - 2h30 - 15,90 € à partir de 7 ans
* Le monstre poilu et 3 autres histoires d'Henriette Bichonnier lues par Francis Perrin, Pef, Max Bley, Pierre Junière et William Pinville Edition Gallimard Jeunesse Musique mai 2014 - 1h00 - 12,90 € à partir de 7 ans

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