mardi 12 mars 2013

Robe verte - vieux rose aussi - et costume gris.

Aujourd'hui je ne vais pas vous parler de ma robe verte et de son costume gris. Il y avait quelques petites fleurs couleur vieux rose aussi. Je ne sais plus très bien parce qu'elle est partie. Mais elle était, je crois, pas très loin de la couverture de ce très bel album là, pas très loin non plus de l'idée que je m'en fais. Aujourd'hui. Plutôt vieillie  plutôt seule, plutôt morte. Mais verte et rose. Gris pour lui.   

La Petite vieille du vendredi


La douceur pastel, la grâce et la tendresse de l'illustration de couverture, la sérénité qui se dégage du visage de la petite vieille, assise seule sur un banc, un bouquet de fleurs qu'elle serre sur son coeur, le marché, au fond, aussi, dessinent déjà les fondements de l'histoire écrite par Marie Moinard. 
Tous les vendredis, une petite vieille, La Petite vieille même, se rend au marché. Porte-monnaie vieilli, liste de courses pour la semaine, c'est l'apprenti boulanger qui le dit, qui la regarde, souriant, bienveillant. Chaque semaine aussi, le rituel, celui d'aller acheter des fleurs, les plus belles. Jusqu'au jour où.

" On ne l'a plus vue.
Elle n'est pas venue un premier vendredi,
puis un deuxième.
ça faisait longtemps qu'elle n'était pas revenue, je dirais bien trois semaines".

Lui, l'apprenti, l'imaginait entourée, alors qu'elle était seule. Tellement seule. Elle n'avait pas l'air de s'en plaindre, semblait trouver son bonheur dans les fleurs. Et un jour, dans son lit, elle s'est endormie. A jamais... Une histoire à la plume légère et poétique pour parler de sujets de plomb, excellemment illustrée par Isaly - dont je découvre avec plaisir le talent - La petite vieille du vendredi est un *** coup de coeur *** pour le blog Maman Baobab.

ça aurait pu être jusqu'au bout de la vie, ensemble jusqu'au bout de la nuit. Comme...

Les Deux Vieux & l'Arbre de vie

C'est un album qui pourrait commencer par Il était une fois mais qui ne le fait pas. Il était une fois deux petits vieux, un couple, des rondeurs et des cheveux blancs. Il était une fois une clairière dans la forêt, une cabane dans laquelle ils vivaient. Lui coupait du bois, elle cueillait des baies, lui faisait de la sciure, elle faisait de la confiture. Et le temps passait. Et puis un jour une petite graine se mit à germer dans le foyer, sous la table de la salle à manger. Et un arbuste se mit à pousser.  Un arbuste qui avec le temps grandit et devint un arbre, qui grandit grandit grandit encore, jusqu'au toit, jusqu'au ciel.  Ils y grimpèrent, les petits vieux, jusqu'aux cieux... Métaphore de la vie et souvenirs pour seuls  bagages, amour aussi,  Les deux vieux et l'arbre de vie de Patrick Fischmann est un conte  illustré avec les  découpages et  les collages de Martine Bourre, tout de vert, de rouge et de kraft. Un arbre à  gravir à partir de 5 ans.


De cette robe, de ce costume, rien ne sert d'en parler,
Quand la mort est venue
Elle est venue et elle n'a pas fait mine. Avant qu'elle ne s'invite, il y avait l'enfance, l'insouciance, pas de dernière heure, " nos dents n'avaient pas de carie, nos fronts n'avaient pas de rides. On ne souhaitait à personne une "bonne journée" car toutes les journées étaient bonnes". Mais elle est arrivée, a débarqué, a volé une vie. La vie d'un tout petit. Elle a mis le feu, sans semble-t-il faire exprès, la maison a brûlé et le petit frère ne s'est pas relevé. Un cercueil, un enterrement, des larmes et des larmes, l'injustice. Et puis la mort est repartie. Et puis les habitants ont reconstruit la maison. Wow. Quelle histoire. Une histoire plutôt rude, plutôt écorchée, plutôt à vif de Jurg Schubiger dont les illustrations de Rotraut Susanne Berner nous réconcilient un peu avec le contenu, comme son style, comme sa fin :
"Si quelqu'un éternue nous lui disons : "à tes souhaits!"
Et quand quelqu'un s'en va, nous lui souhaitons bon voyage".

Et c'est à ce moment de ma chronique que je dois vous donner un âge. A partir de... Je ne sais pas. A partir de quand vous jugerez utile de parler de la mort, de la mort d'un enfant, de la mort d'un petit frère ? C'est à vous de voir... 

Fin des histoires. Fin de l'histoire. 

*** Les références ***
* La petite vieille du vendredi de Marie Moinard, illustré par Isaly, Editions Des Ronds dans l'O, octobre 2012 - 13,50 € - à partir de 4 ans;
* Les Deux Vieux et l'Arbre de vie de Patrick Fischmann, illustré par Martine Bourre, Editions Didier Jeunesse, janvier 2013 - 12,50 €
* Quand la mort est venue de Jurg Schubiger, illustré par Rotraut Susanne Berner, Editions La Joie de Lire, 2011 - 13,90 €

5 commentaires:

  1. Ce sont trois excellents albums, que j'ai lu aussi.

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  2. Je parle aussi de cet album sur mon blog, j'ai beaucoup aimé l'approche psychanalytique indirectement produite par l'auteur pour aborder un tel sujet. C'est chouette !

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  3. De quel album parles-tu Stéphanie ?

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  4. Quand tu parles de la mort et de la douleur, tu as les plus beaux mots de la terre. A la fois si doux et coupants comme un coup de dague. Tu apprivoises l'indomptable, tes mots disent le vivre et le survivre à l'inacceptable. Chaque fois que je te lis, j'ai les larmes qui coulent.

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